Allergie chez le chat : dermatite miliaire, alopécie extensive féline, complexe éosinophilique

Plaque Eosinophilique d'origine allergique - Allergie alimentaire
Cancroïde labial - Ulcère indolent
Alopécie extensive féline - Alopécie symétrique féline

Le chat allergique est un chat qui se gratte, se léche, se mord ou s'arrache les poils. Il manifeste ses allergies par des problèmes dermatologiques et parfois par de l'asthme. Chez le chat, plusieurs causes d'allergie sont possibles.

Allergies du chat et dermatologie vétérinaire

  • L'allergie à la piqûre de puces (DAPP) est la plus fréquente. Elle atteint principalement les chats adultes. Les puces ne sont pas toujours observées car le chat est redoutable dans sa manière d'entretenir son pelage. Il élimine ainsi de nombreuses puces par un toilettage efficace.  25% des puces ont cependant déjà piqué le chat endéans 5 minutes et 97,2% sont gorgées après 1 heure de présence sur le corps du chat. Il est donc très difficile de tuer les puces avant leur premier repas.
  • L'allergie alimentaire provoque également du prurit. Les aliments (sources de protéines) les plus souvent responsables d'allergie sont le boeuf, les produits laitiers, le poulet ou le poisson. Ces allergies surviennent de manière non saisonnières. Bien que la face et la nuque soient régulièrement atteints, l'aspect clinique ne permet pas de différencier ce type d'allergie des autres.
  • L'"Atopie" féline est mal caractérisée. On pourrait parler d'atopie féline pour les chats prurigineux allergiques pour lesquels une allergie alimentaire ou une allergie aux piqûres de puces n'a pu être identifiée. Une atteinte saisonnière peut être visible lorsque les pollens sont responsables de la sensibilité. Si les acariens de la poussières sont en cause les symptômes s'observent toute l'année.
  • L' allergie de contact est beaucoup plus rare. Elle est fréquemment induite par l'application de produits sensibilisant sur la peau du chat (shampooings mal choisis, pommades pour traiter une otite...)
  • L'allergie aux piqûres d'autres insectes est rare. Cependant certains chats peuvent présenter des lésions sur les pavillons auriculaires et le museau suite à des piqûres de moustique ou de certaines mouches.

Signes cliniques de l'allergie chez le chat. 51% des chats allergiques ont des signes cliniques avant l'âge de 3 ans. La tête, la nuque et l'abdomen sont atteints dans plus de 50% des cas. Les chats de race Abyssin seraient prédisposés aux allergies.

  • Alopécie symétrique bilatérale ou alopécie extensive féline: les chats atteints semblent partiellement alopéciques (nu) mais en réalité les poils ont été cassés par le léchage ou parfois épilés par la bouche du chat. Les zones atteintes sont l'abdomen, les cuisses, la région périanale, la queue et parfois les avant-bras. Les allergies mais également des douleurs localisées ou des troubles du comportement peuvent être à l'origine de cette image clinique. Les problèmes hormonaux mentionnés dans le passé ne sont pas responsables des lésions observées et les traitements utilisant les hormones sexuelles sont contre indiqué.
  • Le prurit de la nuque et du cou provoque des lésions ulcératives souvent difficiles à gérer. Les allergies mais également des stimulations nerveuses locales ou des causes non identifiées doivent être recherchées.
  • La dermatite miliaire se caractérise par la formation de petites papules (petits boutons) avec croûtes en surface de celles-ci. La dermatite miliaire s'observe principalement sur le dos et trouve son origine dans une allergie (puces...), une affection parasitaire (cheyletiellose...) ou une infection mycotique (teigne).
  • Le complexe éosinophilique félin regroupe plusieurs entités cliniques dont l'ulcère indolent (cancroïde labial), la plaque éosinophilique et le granulôme éosinophilique. Ces lésions contiennent un grand nombre d'éosinophiles (un type de globule blanc) qui est à l'origine du nom "complexe éosinophilique félin". Les allergies sont dans la majorité des cas responsables de ces entités cliniques. L'ulcère indolent se caractérise par des lésions érosives à ulcératives de la lèvre supérieure. Ces lésions semblent peu prurigineuses mais la langue du chat vient régulièrement irriter la zone atteinte. La plaque éosinophilique est une lésion érosive, ulcérative ovale à circulaire, bien délimitée, suintante et légèrement en relief (en plaque). Elle s'observe souvent sur l'abdomen, la face interne des cuisses mais également sur la face. Le granulome éosinophilique peut être observé face postérieure des cuisses en configuration linéaire, sur le menton (gonflement localisé rose-jaune), sur les pieds ou dans la bouche. Ce type de lésion est d'origine allergique bien qu'une composante héréditaire ou d'origine inconnue soit possible lors de granulome linéaire affectant la face postérieure des cuisses. 

Le diagnostic différentiel

  • Alopécie extensive féline: identifier l'allergie responsable (puces, aliment, "atopie") ou rechercher un trouble du comportement ou une douleur localisée (cystite, douleur dorsale...)
  • Dermatite miliaire: rechercher une allergie mais également écarter la possibilité d'une infection bactérienne ou mycotique, une infection parasitaire...
  • Ulcère indolent ou cancroïde labial: outre une allergie une infection bactérienne profonde ou une tumeur peuvent se présenter de manière fort similaire
  • Plaque éosinophilique: identifier une cause allergisante avec ou sans surinfection et, lors d'atteinte faciale, écarter l'hypothèse d'une infection par l'herpes virus félin ou d'une hypersensibilité aux piqûres d'insectes

Les examens complémentaires et le diagnostic

  • L'examen microscopique des poils épilés permet de prouver qu'ils sont cassés. Cette technique permer la détection de dermatophytes ou de parasites cutanés
  • Les raclages cutanés et l'examen microscopique de cellophane adhésive appliquée sur la peau aident à rechercher certains parasites (demodex, cheleytiella, notoedres, otodectes...)
  • L'examen à la lumière de wood identifie les dermatophytoses (mycoses) dues à Microsporum canis
  • Les cultures fongiques permettent l'identification des mycoses
  • La cytologie autorise la visualisation des éosinophiles mais également d'autres cellules, de bactéries ou levures
  • La biopsie cutanée confirme le diagnostic de complexe éosinophilique. Elle peut être utile lorsqu'on suspecte une tumeur ou une infection à herpes...
  • Les tests d'allergie (test intradermique ou sérologie IgE) ont une fiabilitié très faible chez le chat. Ils ne constituent pas bon un moyen pour établir le diagnostic
  • Le régime d'éviction utilisant soit un aliment ménager (protéines n'ayant jamais été administrées chez le chat sensible), ou un aliment commercial vétérinaire utilisant soit une protéine spéciale soit une protéine hydrolysée constitue la seule méthode fiable pour établir le diagnostic d'allergie/intolérance alimentaire. Les tests sanguins ou cutanés ne sont pas fiables dans ce cas.

Les traitements doivent être adaptés à la cause provoquant l'allergie

  • Gestion de l'infestation par les puces par le traitement de tous les animaux en contact et de l'environnement
  • Régime alimentaire évitant la protéine sensibilisante
  • Antihistaminiques (souvent peu efficaces)
  • Acides gras essentiel
  • Désensibilisation lorsque l'allergène causal a pu être identifié
  • Antibiotiques (parfois utiles pour contrôler les ulcères indolents)
  • Cortisone utisée localement (à faible résorption cutanée: acéponate d'hydrocortisone...)  
  • Ciclosporine ou glucocorticoïdes (cortisone) par voie orale 

Copyright Dr L. Beco