Dermatologie équine: Carcinome à cellules squameuses / Carcinome épidermoïde / Epithélioma spinocellulaire: une tumeur de la peau du cheval

Carcinome à cellules squameuses / Carcinome épidermoïde : tumeur cutanée chez un cheval

Le carcinome à cellules squameuses également nommé carcinome épidermoïde ou épithélioma spinocellulaire est une tumeur cutanée maligne, localement invasive, décrite dans de nombreuses espèces.
Chez le cheval elle touche principalement les individus âgés (diagnostic souvent vers l'âge de 10 ans).
Les chevaux de trait peu pigmentés (trait belge, Clydesdale, Shire) et les chevaux Appaloosa,  Americain Paint, Pinto, Quarter horse et Haflinger seraient prédisposés. Les couleurs de robe grise, cremello et palomino ont un risque plus important. 
Les hongres seraient 5x plus souvent atteints que les juments et étalons.

L’étiopathogénie n’est pas encore clairement élucidée mais plusieurs facteurs sont incriminés :

  • Les rayons solaires (UV) représentent le plus important facteur de risque (la tumeur débute souvent sous la forme d'une dermatite actinique liée à l'exposition au soleil)
  • Le manque de pigmentation de la peau (surtout zone sans poils: glabres)
  • Des facteurs hormonaux, génétiques et immunologiques pourraient avoir un rôle.

L’aspect clinique

Dans un premier temps, chez le cheval,  la tumeur se manifeste comme une plaie semblant avoir du mal à cicatriser. Elle augmente progressivement de taille, granule puis évolue ensuite :

  • soit vers une forme ulcérée (aspect en cratère à bords irréguliers)
  • soit  vers un aspect prolifératif adoptant alors un aspect en choux fleur (à différencier d’un sarcoïde verruqueux...).

La lésion peut être douloureuse. Le carcinome à cellules squameuses équin est souvent associée à de la nécrose ce qui produit une odeur nauséabonde.
Il se développe au départ de cellules épithéliales (kératinocytes), à divers endroits de l’organisme mais surtout dans les localisations cutanéo-muqueuses (les jonctions entre la peau et une muqueuse) :

  • Les organes génitaux externes: prépuce, vulve
  • Les paupières
  • La région péri-oculaire

Dans 9,5% des cas un second carcinome à cellules squameuses est présent sur le même cheval  d’où l’absolue nécessité de réaliser un examen clinique complet et méticuleux lorsqu’un cheval est présenté avec ce type de tumeur. Le carcinome à cellules squameuse est caractérisé par une évolution lente et des métastases rares (0,3 et 18,6%). Ces métastases peuvent survenir tardivement dans l’évolution de la maladie et concernent alors principalement les ganglions lymphatiques régionaux, les glandes salivaires et plus rarement les poumons. La sévérité de la tumeur (grade) augmente après chaque exérèse (chirurgie) mais la probabilité de métastase n’évolue pas simultanément.

Le diagnostic

Le diagnostic repose sur l'aspect clinique et la distribution des lésions. La cytologie peut aider le clinicien mais, l'examen permettant de poser un diagnostic de certitude, reste la biopsie cutanée.

Le diagnostic différentiel doit considérer les :

  • Autres tumeurs: papillomes, sarcoïdes, fibromes/fibrosarcomes,  adénomes/adénocarcinomes, mélanomes peu pigmentés
  • Maladies parasitaires : habronémose, onchocercose...
  • Lésions inflammatoires : corps étranger, kératites à médiation immune, tissu de granulation
  • Infections bactériennes ou mycoses (Pythiose,...)

Traitements:

A l’heure actuelle de nombreuses alternatives thérapeutiques sont envisageables. Le choix du traitement dépend de la localisation de la tumeur sur le cheval, du matériel disponible et de la volonté des propriétaires. Les différentes options sont :

  • Ablation chirurgicale complète ou partielle
  • Ablation au laser de CO2
  • Cryothérapie (traitement par le froid)
  • Chimiothérapie intra lésionnelle (cisplatine, bléomycine…)
  • Radiothérapie
  • ...

Chaque alternative thérapeutique est associée à un taux de succès qui lui est propre. Le facteur pronostic déterminant est la précocité de prise en charge et donc la réalisation d’un diagnostic précoce.

En préventif il peut être intéressant de rentrer son cheval aux heures où le rayonnement solaire est maximal soit entre 10 et 14 heures. Le recours à l’application régulière de crèmes solaires sur les paupières peut également contribuer à diminuer les dommages consécutifs aux rayonnements UV. Enfin, le propriétaire a également un rôle primordial à jouer en étant attentif et réactif dès lors qu’il constate l’apparition d’un tissu anormal sur son cheval. La rigueur avec laquelle il réalisera les soins et l’efficacité des moyens mis en œuvre par le vétérinaire seront déterminants dans le succès du traitement.

© Dr Marie Martin