Shar peï: fièvre du shar peï, amiloïdose, mucinose, maladies de la peau (dermatologie) du shar peï.... une race bien à part

Le Shar Peï un chien atypique
Shar Peï allergique: dermatite atopique canine et surinfections sévères (bactéries et levures de type malassezia)
Folliculite bactérienne chez un Shar Peï

Le shar peï: un chien atypique qu'il vaut mieux bien connaître avant de faire son acquisition

1. shar peï : maladie de la peau / dermatologie

  • La mucinose du shar peï  se caractérise par un dépôt important de mucine dans le derme de la peau. Chez le shar peï, cette mucinose est primaire, elle apparaît donc sans présence d'une autre maladie. Elle se manifeste de différentes manières: gonflements et plis caractéristiques du shar peï ou petites vésicules cutanées contenant un liquide visqueux. Mais cette mucinose peut avoir des conséquences plus graves car récemment elle a été reliée aux fièvres familiales récurrentes et donc à l'amyloïdose. La mucine est composée d'acide hyaluronique, un protéoglycane constitué de nombreux disacharides (sucres) lui donnant une taille énorme. L'accumulation de mucine favorise les plis tant recherchés, or cette conformation favorise l'infection bactérienne des plis (intertrigo), la sténose (petite ouverture) des conduits auditifs et les entropions (paupières qui se retournent vers la cornée et irritent celle-ci). Le traitement de la mucinose du shar peï repose surtout sur l'usage de cortisone. Les shar peï traités de cette manière perdent leur aspect caractéristisque, la face dégonfle et les plis s'estompent. 
  • Le shar peï est souvent allergique. L'acide hyaluronique (mucine) jouerait également un rôle dans l'apparition et l'entretien de la dermatite atopique canine du shar peï. Malheureusement, chez eux, l'apparition des symptômes est souvent précoce et la symptomatologie sévère: prurit important, lésions généralisées, surinfection, pyodermite: infection bactérienne ou surinfection par des levures. Le traitement est possible comme dans les autres races mais la guérison complète reste actuellement impossible. Une des complications sérieuse chez le shar peï allergique est l'otite chronique avec sténose du conduit auditif externe. Le conduit, qui n'est pas bien large dans cette race, devient de plus en plus étroit, ce qui rend le traitement problématique. Le traitement d'une poussée de dermatite atopique canine nécessite un contrôle des infections (bactériennes ou à malassezia) chez le shar peï. L'utilisation des glucocorticoïdes par voie générale est conseillée pour traiter les otites sténotiques. Celle-ci n’est pas plus dangereuse chez le shar peï que dans d'autres races mais elle provoque une diminution (réversible) des plis. Le traitement, au long terme, nécessite un bon  entretien de la peau (barrière cutanée) en faisant appel à une bonne prévention antiparasitaire (puces..), des soins topiques réguliers et l'utilisation d'acides gras essentiels (en supplément ou dans une alimentation très riche en ces constituants) qinsi qu'un traitement par voie générale (ciclosporine, oclatinib, régime hypoallergénique, désensibilisation)...
  • Les pyodermites du shar peï : les plis tant recherchés sont à l'origine de macération avec micro-traumatismes facilitant l'infection  bactérienne (intertrigo). Une autre forme d'infection bactérienne de la peau est la folliculite bactérienne. Chez le shar peï, le pelage présente un aspect mité avec zones circulaires dépilées. Les pustules, croûtes et collerettes épidermiques sont moins souvent observées que dans d'autres races. Cette infection bactérienne superficielle est souvent mal identifiée chez le shar peï et est confondue avec une mycose (teigne) ou une démodécie.
  • La démodécie du shar peï est fréquente et se manifeste comme dans les autres races par des zones alopéciques (perte de poils). La peau si caractéristique du shar peï rend souvent le diagnostic difficile car, chez certains individus, les raclages cutanés et les épilations ne permettent pas de récolter les parasites pour l'examen microscopique. Lors d'une suspicion clinique, lorsque les examens classiques restent négatifs, la biopsie cutanée est indispensable pour identifier les demodex dans les folliculles pileux.

    La mue chez le shar peï peut se faire de manière difficile, ce qui donne parfois un aspect particulier au pelage avec certaines zones corporelles apparaissant plus "nues" que d'autres.

  • Le contact urticariant entre la peau de l'homme et les poils très courts et très pointus des shar peï « horse-coat » provoque chez les humains sensibles des lésions prurigineuses (qui chatouillent) : érythèmes (rougeurs), petites papules urticariennes ressemblant à des piqûres d'orties...
  • Les mastocytomes du shar peï sont des tumeurs qui revêtent souvent un caractère très sévère et très extensif d'emblée. Ils peuvent s'observer chez des individus âgés de quelques mois. L'acide hyaluronique par son action sur le CD44 agit sur l'activité des mastocytes, provoquant leur activation ou leur prolifération.
  • L'entropion des shar peï est une anomalie régulièrement observée. Les paupières souvent gonflées par la mucine se positionnent mal avec une courbure de la zone ciliaire orientée vers la cornée. Cette affection nécessite souvent la chirurgie avec mise en place de fils correcteurs chez des chiots et retrait de lambeaux cutanés chez les individus plus âgés.

2. Shar peï: fièvre familiale (amyloïdose)

  • La fièvre familiale du shar peï touche un grand nombre d'individus (23% aux USA), principalement des shar peï très typés et fréquemment pendant les 18 premiers mois de vie. Ils présentent une fièvre (39,5-41,7°) qui apparaît par poussées de 24-36h avec arrêt spontané. De nouvelles crises séparées de plusieurs semaines de l'épisode précédant surviennent avec un intervalle qui augmente le plus souvent avec l'avancement en âge. La fièvre est sans cause apparente et est souvent associée à des inflammations localisées: articulaires (gonflement des jarrets: 53%) ou du museau. Parfois, une douleur abdominale, qui donne au chien une allure voûtée, avec ou sans vomissements ou diarrhée est notée. La complication chez l’homme et le shar peï de cette fièvre est le développement d’une amyloïdose réactionnelle systémique provoquant une insuffisance hépatique et rénale. L'amyloïdose est le nom donné à différentes maladies qui se caractérisent par un dépôt anormal de fibres protéiques insolubles dans les tissus. Pour les shar peï, le dépôt se fait essentiellement dans les reins au niveau de la zone médullaire à l'opposé des autres races où le dépôt s'observe souvent dans la zone glomérulaire. Chez le shar peï, on parle d'amyloïdose réactive car elle est la conséquence d’une inflammation chronique. Dans une étude récente, un lien a été établi entre la mucinose et la fièvre familiale du shar peï....  
    Le traitement de l'amyloïdose rénale fait appel à  la colchicine. Elle est surtout utile en début d'évolution, car elle n’a pas d’effet sur les fibrilles déjà déposées, et n’améliore donc pas l’état des chiens ayant une amylose avancée.

Copyright Dr Luc Beco
 

Mucinose idiopathique du Shar Peï