Arthrose, nutrition et compléments alimentaires

Curcuma - Arthrose, nutrition et compléments alimentaires
La moule verte de Nouvelle Zélande
La griffe du Diable: Harpagophytum

L’arthrose, première cause de douleur chronique, affecte +/- 20% des chiens adultes. L’arthrose du chien affecte principalement des individus âgés. Les traumatismes, le vieillissement, l’obésité (40% des individus arthrosiques) et une prédisposition génétique (individus plus jeunes atteints) en sont les principales causes. Les signes de douleurs articulaires ne sont pas toujours évidents à identifier par les propriétaires :

  • raideurs au lever ou au coucher;
  • réticences à monter les escaliers ou à sauter;
  • tremblements;
  • boiteries;
  • occasionnellement réactions agressives au toucher.

L’arthrose débuterait par une atteinte locale du cartilage. Les cellules du cartilage (chondrocytes) augmentent la production de facteurs destructeurs (MMP-3) alors que les facteurs favorisant la reconstruction sont diminués. La destruction du cartilage provoque des phénomènes inflammatoires locaux. La nutrition et les compléments alimentaires font partie d'un traitement multimodal de la douleur.

  1. L’UCII : (Undenaturated collagen type 2) : est une préparation de collagène de type 2 qui suite à son ingestion orale va réguler la réaction du système immunitaire (lymphocyte T) vis-à-vis du collagène articulaire libéré lors d’atteintes articulaires. L’UCII va induire une tolérance orale. Le collagène hydrolysé apporte également 2 acides aminés essentiels pour la stabilité et la régénération du cartilage : la glycine et la proline.
  2. La curcumine (" safran des Indes" : épice obtenue à partir du rhizome d’une plante proche du gingembre possèdant des propriétés anti-cataboliques, anti-apoptotiques (mort cellulaire), anti-oxydantes et anti-inflammatoires. In vitro, elle réduit différents médiateurs de l’inflammation : NO, Prostaglandine (PGE2), Interleukines (IL6, IL-8), cyclooxygénase (COX-2), métalloprotéinases…. La biodisponibilité de la curcumine reste le problème essentiel à son utilisation mais son efficacité pourrait être équivalente à certains AINS sans en présenter les effets secondaires (Shep et al. BMC (2019) 20:214).
  3. Les polyphénols de thé vert : l’épigallocatéchine-3-gallate (EGCG) est un polyphénol disposant de propriétés anti-oxydantes, antitumorales et antimutagènes. In vitro, il inhiberait certaines métalloprotéinases (MMP-1 et MMP-3).
  4. La "griffe du diable" (Harpagophytum procumbens), une plante médicinale d’origine africaine : possède des propriétés anti-inflammatoires et analgésiques dose dépendantes. In vitro, elle possède une activité chondroprotectrice via une diminution de cytokines inflammatoires (TNFα et IL 1-β) et de métalloprotéinases et élastases. (Nutrients 2017, 9, 70).
  5. Les acides gras essentiels (AGE) oméga 3 dont l’EPA (acide eicosapentaénoique) et le DHA (doxahexaenoic acid) contenus dans les huiles de poisson. L’ALA (alpha-linolenic acid) est contenu dans l’huile de lin et nécessite une conversion enzymatique, mal réalisée chez le chien, pour être converti en EPA et DHA dans le corps. L’EPA et le DHA sont les AGE essentiels utiles dans la gestion de l’arthrose du chien. Ils agissent sur l’inflammation en diminuant des cytokines pro-inflammatoires (IL-1, IL-2, TNF-α), en modifiant les systèmes enzymatiques (COX-2, Lipo-oxygénase-5) de dégradation de l’ARA (acide arachidonique) et en diminuant l’expression de métalloprotéinases (MMPs). Le rapport idéal entre acides gras Ω6/Ω3 mentionné depuis des années dans la littérature serait moins important que le rapport ARA/(DHA +  EPA). (Science Direct. Prostaglandins, Leukotrienes and Essential Fatty Acids 109 (2016) 1–7. S.J. Mehler et al.)
  6. La moule verte(Perna canaliculus) : endémique sur la côte néo-zélandaise, elle a servi de base alimentaire aux indigènes Māori depuis des centaines d’années et cette population semble épargnée par l’arthrose en comparaison avec la population d’autres îles et aux Européens. Ces moules à lèvres vertes contiennent de nombreux lipides bioactifs : EPA, DHA, furan fatty acids (F-acids), sphingolipides, phytostérols, diacylglycérols, diterpènes, sesquiterpènes, saponines, ainsi que des antioxydants comme les caroténoides, xanthophylles et anthocyanines. Son activité semble due à une synergie entre ses différents ingrédients actifs: les acides Ω-3 polyunsaturatés, ses antioxydants (caroténoïdes…) et ses autres composants bioactifs. (Greenshell™ Mussels: A Review of Veterinary Trials and Future Research Directions. Charles T. Eason, Vet Sci. 2018 Jun; 5(2): 36.).
  7. La glucosamine sulfate et chrondroïtine sulfate sont souvent recommandées dans la gestion de l'arthrose. La glucosamine régule la synthèse du collagène dans le cartilage et pourrait produire des effets anti-inflammatoires modérés. La sulfate inhibe des enzymes détruisant le cartilage dans la synovie. Les 2 compléments contribuent à la synthèse de glycosaminoglycanes et protéoglycanes qui sont des éléments nécessaires à la construction du cartilage (Beale, 2004). Ils existent sous différentes formes, concentrations et associations mais, à ce jour, leur intérêt clinique reste questionnable.
  8. La vitamine E : possède des propriétés antioxydantes. Elle pourrait retarder la progression de l’arthrose en réduisant le stress oxydatif et l’inflammation de l’articulation mais d'autres études cliniques restent nécessaires pour valider son intérêt. (Frontiers in Pharmocology Aug 2018).

Des aliments thérapeutiques (JD Hills®, Mobility Royal Canin®...) existent chez votre vétérinaire pour la gestion des douleurs articulaires. Ils contiennent différents compléments alimentaires qui fonctionnent en synergie pour augmenter leur efficacité. Les effets de ces changements alimentaires nécessitent plusieurs mois avant d’être observés.

© Luc Beco / www.monvt.eu

Thé Vert - Arthrose, nutrition et compléments alimentaires
Acides gras essentiels (AGE)